FICHE TECHNIQUE | |
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Parution | 01/12/2011 |
Rayon | |
Collection | La Gazette de l'hôpital |
Format | 0x0 mm |
Nbre de page | 0 pages |
La Gazette de l′hôpital
numéro 95, décembre 2011
Je, tu, ils « clivent »…
Voici le nouveau mot à la mode techno-scientiste : « cliver ». Du néerlandais klieverr, « fendre » en français, le verbe cliver s’emploie pour exprimer la fente d’un corps minéral ou d’un diamant dans le sens naturel de ses couches lamellaires qui sont alors appelées des « clivures » (XVIIIe siècle). De là est née cette idée d’exprimer la séparation des opinions par le verbe cliver. Cela a plu à nos élites germanopratines qui l’emploient à toutes les « sauces ».D’une opinion qui est bien marquée, on dit qu’elle va cliver et ainsi, on n’arrête de plus de cliver, comme les Shadoks de pomper !… Cette mode – comme toutes les modes – habille de « prêt-à-penser » les opinions. Pourquoi parler de clivage alors qu’il y a des mots bien plus appropriés pour exprimer toutes les nuances de la division et de l’opposition des opinions dans notre langue française ? Ne pourrait-on pas employer « diviser » dans le sens de partage ou de scission ? Ne pourrait-on pas employer le mot « séparer » pour marquer la différence d’opinion ? Ne pourrait-t-on pas recourir au verbe « opposer » pour appuyer le profond antagonisme entre des pensées ou des interlocuteurs ? Chaque mot a un sens et vouloir le remplacer par un seul, fût-il issu de l’anglais, révèle l’appauvrissement d’une pensée qui se croit, hélas ! encore le phare de l’humanité… Franchement, au risque de « cliver », ne doit-on pas revenir aux fondamentaux de la langue car c’est du verbe que sont issus la richesse d’une pensée et le rayonnement d’une société. Apprendre à penser semble être devenu un impératif catégorique et urgent.