FICHE TECHNIQUE | |
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Parution | 01/06/2007 |
Rayon | |
Collection | Le bulletin juridique du praticien hospitalier |
Format | 0x0 mm |
Nbre de page | 0 pages |
Le Bulletin juridique du praticien hospitalier
numéro 99, juin 2007
Le temps des désirs
On veut être jeune lorsqu'on est vieux et l'on veut être
vieux lorsqu'on est jeune ; on veut être savant avant d'avoir
étudié et l'on veut être reconnu avant d'avoir fait ses preuves ;
on veut être chef avant d'avoir commandé et l'on veut être
bien payé sans être responsable ; bref, on veut tout et tout de
suite, dès la naissance, pourquoi pas, et près de la sénescence
demande-t-on encore !
Ce n'est plus le temps de l'effort et de l'initiation
longue et difficile qui forgent les caractères et donnent les
meilleurs, c'est le temps de l'extemporanéité. Est-ce
inévitable ? Chacun y répondra. Quoi qu'il en soit, cette
course effrénée à la satisfaction immédiate et sans gloire de
ses désirs, sinon de ses pulsions, n'est pas bon signe pour ce
que l'on nomme le développement durable, nouvelle
appellation de l'épargne pour les générations suivantes.
Observons ce qu'il en est en médecine : le jeune carabin veut
être patron de CHU - rien que cela - sans avoir pratiqué dans
les petits hôpitaux où l'on ne peut se soustraire aux difficultés
de la solitude et donc de la responsabilité. Les jeunes
générations, manipulées par certains de leurs aînés, au
demeurant fort démagogues, préfèrent la proximité des
puissants plutôt que les affres du don de soi à la campagne
ou dans les banlieues désertifiées. Le désert médical n'est pas
dans la démographie - il n'y a jamais eu autant de médecins
-, il est dans sa répartition dès le début des études médicales.
La spécialisation sans le passage obligé par la pratique
généraliste est néfaste pour les intérêts supérieurs de la
population qui a pourtant payé les études supérieures par ses
impôts, comme pour ceux de la médecine qui, à court terme,
ne disposera plus de ces praticiens rompus au combat et
devenus spécialistes par passion du savoir plutôt que par
goût des signes extérieurs de la puissance. En médecine
comme ailleurs, le temps des désirs annonce la décadence ;
est-ce notre legs ?