FICHE TECHNIQUE | |
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Parution | 01/04/2007 |
Rayon | |
Collection | Le bulletin juridique du praticien hospitalier |
Format | 0x0 mm |
Nbre de page | 0 pages |
Le Bulletin juridique du praticien hospitalier
numéro 97, avril 2007
Les ratés du Big Brother
Mettre tout le monde en fiches, n'est-ce pas le rêve
cauchemardesque de tout totalitaire ? Huxley nous avait
avertis et le Meilleur des Mondes n'est pas une fourmilière.
Hobbes nous avait fait craindre cet État « Léviathan ». Voici
venu le temps où l'informatique permet ce fichage de tout un
chacun. Est-ce raisonnable ? Dans l'intérêt du malade, on a
prévu de le mettre en carte informatisée afin de connaître tout
de ses antécédents sanitaires. Le fameux dossier médical
personnalisé est présenté comme une sécurité thérapeutique
et un moyen de rationaliser les coûts de santé. A supposer
que cela soit une réalité, ne va-t-on pas vers une police
sanitaire comme on en rêvait au XIXe siècle ? N'y a-t-il pas un
moment où l'intérêt de la société contredit la liberté
individuelle ? Ne doit-on pas, certes, guider les gens, mais
tout en leur permettant d'exercer leur libre arbitre ?
Le rêve du dossier médical personnalisé porté par le
ministre de la Santé de l'époque, M. Philippe Douste-Blazy,
pourtant médecin et universitaire, devait aboutir, selon les
dires de cet éminent spécialiste, en 2007. Cette promesse était
effectuée en 2004, lors de la discussion du projet de loi qui
deviendra la loi du 13 août 2004 relative à l'assurance
maladie. On est en 2007 et l'actuel ministre de la santé,
M. Xavier Bertrand, ne peut plus conjecturer sur la mise en
oeuvre de ce molosse sanitaire. Le rapport du député Fagniez,
de janvier 2007, met l'accent sur les difficultés du masquage
des informations à la demande du patient. Beaucoup de
médecins mettent en cause la pertinence de ces DMP, tant
dans leur architecture étatique - au lieu d'être individuelle -
que dans leur maniement. N'aurait-il pas été plus opportun
de permettre à ceux des patients qui l'auraient voulu de
disposer de cette carte sanitaire, comme cela s'est fait pour la
carte bancaire, en créant un standard commun imposable à
tous les promoteurs (assurances, mutuelles, Sécurité sociale,
entre autres) ?
En d'autres termes, les ratés du Big Brother ne
devraient-ils pas être un moyen pour les pouvoirs publics de
sortir de ce très mauvais pas dans lequel ils ont ignoré la
liberté de chaque patient ?