FICHE TECHNIQUE | |
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Parution | 01/10/2006 |
Rayon | |
Collection | Le bulletin juridique du praticien hospitalier |
Format | 0x0 mm |
Nbre de page | 0 pages |
Le Bulletin juridique du praticien hospitalier
numéro 91, octobre 2006
Les failles du raisonnement économique en médecine
Chacun se souvient des arguments de l'instauration d'un numerus clausus dès la deuxième année des études de médecine : la réduction du nombre des médecins amènerait une diminution du recours des patients à leurs services et ainsi le « trou » de la Sécurité sociale serait comblé. A l'époque, Jean-Charles Sournia nous gratifiait d'un ouvrage au titre éloquent : Ces malades que l'on fabrique, concluant à la suppression de lits hospitaliers pour diminuer le recours aux soins hospitaliers ! Or cela a abouti à une pénurie artificielle des médecins dans certaines spécialités (anesthésie, chirurgie, médecine générale) ; d'autant que, parallèlement, la féminisation du corps médical a démultiplié les emplois à temps réduit en médecine, et la spécialisation à outrance a amené une insécurisation judiciaire des praticiens qui n'auraient pas suivi le cursus idoine. Cette pénurie a entraîné une augmentation des rémunérations des praticiens et la pratique « mercenaire » qui permet à certains de gagner en un week-end ce que des PH gagnent en deux semaines. Les dépenses n'ont pas été contenues, elles vont exploser. Le raisonnement économique qui joue sur les files d'attentes est trompeur. Il faudrait, pour que celui-ci triomphe, qu'il n'y ait plus de médecins dans certains secteurs, provoquant une crise de la santé publique dont on a vu les prémices avec les 15 000 morts dus à la canicule de l'été 2003. L'économie de rationnement serait alors le contraire d'une politique sanitaire libre et égale pour tous. Or la République ne s'est construite que sur l'éducation libre et gratuite et la santé accessible à tous. Il ne faut pas oublier ces fondamentaux si l'on veut conserver notre espace démocratique. Le raisonnement économique en médecine peut être annonciateur des pires errements d'une démocratie qui se délite.