FICHE TECHNIQUE | |
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Parution | 01/01/2006 |
Rayon | |
Collection | Le bulletin juridique du praticien hospitalier |
Format | 0x0 mm |
Nbre de page | 0 pages |
Le Bulletin juridique du praticien hospitalier
numéro 84, janvier 2006
Le scientisme hospitalier contre la santé publique
Le scientisme est l'attitude du sachant qui croit résoudre les questions philosophiques par la science. Cette attitude n'est pas récente même si le mot n'est apparu qu'au début du XXe siècle. C'est dans la seconde moitié du XIXe siècle que l'expression « scientiste » est apparue avec, pour thuriféraire, Auguste Comte, qui portait l'idée que toutes les questions humaines pouvaient être résolues par la science. Celle-ci devenait l'objet d'un véritable culte qui devait remplacer celui de Dieu. Bref, une attitude résolument placée sous le signe du rationalisme, au point que des philosophes, comme Durkheim - le père de la sociologie en France -, prétendaient que les faits sociétaux étaient des choses. Voilà l'imposture. Qui peut imaginer que la psychologie humaine puisse être traduite en équation ? Pourtant, cette idéologie fait actuellement des dégâts considérables dans toutes les sphères de la vie sociale. Dans le domaine hospitalier, certains pensent que l'offre de soins est un système rationnel pouvant être piloté comme une machine. Cela donne ce raisonnement entendu récemment dans la bouche d'un anesthésiste-réanimateur, par ailleurs professeur de médecine et syndicaliste militant, et selon cet éminent représentant de la science médicale : « Il n'y aurait pas de pénurie d'anesthésistes si l'on fermait les petites structures hospitalières où les anesthésistes sont insuffisamment employés, on pourrait compléter les équipes des grandes structures. » En conséquence, il faut tout recentraliser dans les grands centres hospitaliers. Cette vision chatoyante pour le béotien est d'une grande inconséquence sociale car si l'on ferme les petites structures (au fait, où commence la petite structure : 2 000, 3 000, 4 000 opérations ? ) qui s'occupera des personnes en état de précarité sociale (CMU et autres personnes impécunieuses) et des personnes d'un grand âge qui se rompent le col du fémur par exemple ? Le scientisme hospitalier s'oppose alors à la santé publique.