FICHE TECHNIQUE | |
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Parution | 01/03/2005 |
Rayon | |
Collection | Le bulletin juridique du praticien hospitalier |
Format | 0x0 mm |
Nbre de page | 0 pages |
Le Bulletin juridique du praticien hospitalier
numéro 76, mars 2005
Fongible ou perméable ?
La technostructure a ses manies syntaxiques : « en termes de... » en est une parmi bien d'autres. Elle a aussi ses prétentions sémantiques en inventant des mots : « bioéthique » en est un. Elle a enfin ses erreurs de vocabulaire : la « fongibilité » en est le dernier exemple. Employé à satiété par tous les hérauts de l'Administration sanitaire, l'adjectif « fongible » est devenu le substantif « fongibilité ». Or « fongible » vient du latin fungibilis, « qui se consomme », se disant des choses qui se consomment par l'usage et peuvent être remplacées par une chose analogue (denrée, argent comptant). Ce qui n'est pas tout à fait le sens du néologisme « fongibilité » qui, au lieu de vouloir dire consommable, est employé pour exprimer la perméabilité ou la commutativité entre deux enveloppes financières, celle des soins hospitaliers et celle des soins de ville dont la somme doit rester invariable dans les dépenses de la Sécurité sociale. Ce faux ami nous viendrait-il de l'anglais ? Si cela était le cas, ce serait le énième exemple d'une paresse à nulle autre pareille qui illustrerait la défaillance d'une élite se gaussant de culture. Molière, en son temps, fustigeait les pédants et les fats. Il est vrai que de nos jours il y a peu de chance que naissent de nos écoles des esprits libres que seule confère la réflexion critique. Simplement formons un voeu : que l'intelligence soit perméable et que son antonyme soit fongible !