FICHE TECHNIQUE | |
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Parution | 01/02/2005 |
Rayon | |
Collection | Le bulletin juridique du praticien hospitalier |
Format | 0x0 mm |
Nbre de page | 0 pages |
Le Bulletin juridique du praticien hospitalier
numéro 75, février 2005
La dignité : de l'universel au personnel !
La loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, apporte une précision quelque peu maladroite sur le concept de dignité. Selon ce texte, qui a été codifié à l'article L. 1110-5 du Code de la santé publique, la personne malade a droit au respect de sa dignité. Le texte originel parlait de la dignité : entre le possessif sa et l'article la il y a un monde. La différence se situe entre le possessif et l'universel. Si chacun de nous a une conception différente de notre dignité, comment peut-on la concilier avec la protection de la dignité qui donne à l'homme son statut de personne intouchable, inattaquable, inaliénable ? Le législateur, à trop vouloir bien faire, a certainement commis une erreur dans le sens où chaque communauté de vie, religieuse ou autre, va revendiquer sa conception de sa dignité au détriment de la dignité, concept universel. Autant le concept de la santé peut être personnalisé tant chaque individu vit sa vie différemment, autant celui de dignité, qui confine au sacré, ne peut être décliné individuellement, au risque d'être galvaudé. Que chacun se souvienne de la condamnation, par le Conseil d'État (CE, ass. commune de Morsang-sur-Orge, 25 oct. 1995), du lancer de nains où des individus faisaient commerce de leur dysmorphie dans des foires à attractions. De même, la cour d'appel de Paris a condamné la publicité montrant des malades atteints du sida en train d'agoniser (Paris, Benetton, 28 mars 1996) pour aider à la vente de vêtements « branchés ». Malgré les acceptations des intéressés à paraître dans ces particularités fort scabreuses, la justice a considéré que leur humanité avait été transgressée, confirmant en l'occurrence que la dignité était un concept universel s'imposant à chacun de nous. Cela doit guider la conscience et le bras du médecin toutes les fois qu'un malade dit ne plus vouloir vivre et a fortiori lorsque ses dires sont colportés par ses proches.