FICHE TECHNIQUE | |
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Parution | 01/04/2012 |
Rayon | |
Collection | Le bulletin juridique du praticien hospitalier |
Format | 0x0 mm |
Nbre de page | 0 pages |
Le Bulletin juridique du praticien hospitalier
numéro 147, avril 2012
L’organisation a un coût
pas le mot le plus employé ? Chacun en appelle à la gestion pour n’importe quoi : « Ne t’inquiète pas, je gère », entend-on à tout bout de champ. C’est comme une antienne. Or la gestion dépossède celui qui s’y laisse aller et, en contrepartie, elle dote celui qui l’assume d’un pouvoir sur autrui. Si l’on passe de l’échelon individuel à l’échelon collectif, cela donne des organisations de plus en plus tentaculaires, car la gestion appelle la gestion jusqu’au jour où son coût ne pourra plus être supporté par le reste des agents productifs.
La gestion coûte cher, et de plus en plus cher si l’on concentre les moyens et superpose les relais de décisions. Ce coût devient très vite exorbitant. Il est très mal ressenti par les agents productifs et même les gestionnaires. Les productifs ont le sentiment d’être dépossédés de leur libre arbitre et les gestionnaires de n’être plus qu’un rouage d’une construction dont ils deviennent les étrangers.
Vouloir tout organiser, tout gérer, est une gageure qui contient son extinction. Observons nos hôpitaux et nous sommes au coeur de cette contradiction au sort si funeste.
Plus on veut organiser la vie des patients, celle des personnels, y compris celle des médecins, plus on développe des insatisfactions et plus on répond par le droit : chacun a droit à son statut, à son repos compensateur, à son bien-être, à sa dignité, que sais-je encore !... Et, bien sûr, plus on ajoute d’organisateurs, de gestionnaires, de comptables, de juristes, de médiateurs, de coordonnateurs, de chefs et de sous-chefs, etc., plus cela coûte cher car plus les patients et les personnels en redemandent…
Comme dans toutes choses, l’excès tue. Si tout ce qui est excessif est insignifiant, alors nous sommes parvenus au faîte de l’insignifiance car plus rien ne fait sens.
Si gestion il faut, alors revenons à des gestions locales, à des établissements moins éléphantesques : le bonheur est dans la proximité, chacun s’y retrouvera en s’investissant beaucoup plus. L’avenir n’est pas dans l’organisation, mais dans la maîtrise de soi-même ; c’est ce qu’on nomme la conscience. L’organisation trop poussée nous en dépossède et nous apporte la faillite.