FICHE TECHNIQUE | |
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Parution | 01/11/2008 |
Rayon | |
Collection | Le bulletin juridique du praticien hospitalier |
Format | 0x0 mm |
Nbre de page | 0 pages |
Le Bulletin juridique du praticien hospitalier
numéro 112, novembre 2008
Vous avez dit moderne ?
Voici venu le temps des lois de modernisation :
modernisation de l'économie (loi du 4 août 2008),
modernisation des institutions de la République (loi du
23 juillet 2008), modernisation du marché du travail (loi du
25 juin 2008), etc. Pour peu, la loi sur la rénovation sociale se serait intitulée « loi de modernisation sociale ». Qu'on ne compte pas sur nous pour passer à côté de cette nouvelle tendance qui nous inquiète plus qu'elle ne nous révolte !
« Moderne » ; utilisé sous forme d'adjectif ou de
nom, est apparu, selon le dictionnaire culturel de la langue
française (Le Robert en 4 volumes, 2005), vers 1361 et vient
du bas latin modernus, de l'adverbe modo « récemment » et
« justement », dérivatif de modus (mode) : on y revient ! La
mode est devenue l'argument pour faire obéir la foule à la
façon des chiens de Pavlov. Est-ce la volonté de nos
gouvernants et de nos législateurs lorsqu'ils ont baptisé
moderne un changement apparent, ou moderne, superficiel ou
profond, des règlements de l'économie ou du fonctionnement
des institutions ?
Ce recours au mot « valise », puisque chacun peut
y fourrer ce qu'il entend, est réellement moderne ! Rappelons, pour entrer dans la période récente, la démocratie sociale, économique, culturelle, etc. ; la simplification du droit, bien entendu, ou en guise nous avons hérité de lois encore plus complexes que celles qu'elles ont remplacées. Quant à l'éthique, on a pu en remplir des pages de Journal officiel depuis son apparition sur la scène politique, au début des années 1980. Pour tout dire, méfions-nous des mots car ils sont annonciateurs de véritables maux. Ceux qui les emploient ne savent pas toujours ce qu'ils veulent dire, mais
savent pertinemment, ce qu'ils ne veulent pas avouer alors qu'il serait plus simple d'annoncer la couleur et d'abattre son jeu. Tout le monde y gagnerait en temps et en clarté. Ni trop moderne ni trop vieux jeu, nous aimerions que la parcimonie des mots annonce l'accalmie des lois et le moratoire des normes.