FICHE TECHNIQUE | |
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Parution | 01/12/2007 |
Rayon | |
Collection | Le bulletin juridique du praticien hospitalier |
Format | 0x0 mm |
Nbre de page | 0 pages |
Le Bulletin juridique du praticien hospitalier
numéro 103, décembre 2007
L'univers chimérique
monstres fabuleux à tête et poitrail de lion, ventre de chèvre,
queue de dragon, crachant des flammes. L'autorisation qui
vient d'être donnée par la Grande-Bretagne à ses chercheurs
de créer in vitro des embryons « chimères » constitués d'un
patrimoine génétique humain intégré dans une enveloppe et
une machinerie cellulaire d'origine animale, est porteur des
plus grandes désillusions. Celles des malades ou des
personnes potentiellement malades, comme le commun des
mortels, qui espéreront ainsi pouvoir vaincre tous leurs maux
y compris le vieillissement inexorable de leurs cellules. Celles
des politiciens qui vont ouvrir une nouvelle espérance pour
mieux asseoir leur pouvoir sur les gouvernés. Celles des
économistes qui vont croire que les thérapies de demain sont
contenues dans ces expériences dont le coût est inversement
proportionnel à leur utilité. Alors, pourquoi rejeter avec
vigueur ces expériences chimériques ? Elles participent de
l'idée que l'on peut vaincre la nature ; or d'aucuns savent que
l'on ne peut que l'imiter. N'est-ce pas le philosophe anglais
Francis Bacon qui avait prononcé cette sentence : « Obéir à
la nature pour mieux la dominer » ? Or dominer n'est pas
vaincre.
Les politiciens, de quelque bord que ce soit,
devraient s'interroger sur la vocation rationalisatrice du
planisme étatique et de l'interventionnisme des différentes
autorités publiques locales. Le député Bernard Debré et son
collègue Vallancien, certes hospitalo-universitaires réputés,
devraient méditer leur credo qu'ils répandent à satiété, parce
que les médias ne voient que par eux, de rationaliser le
système hospitalier. Pour eux, il n'y a de médecine que dans
des super-hôpitaux, et il n'y a de médecins que d'hyperspécialistes
et de sur-diplômés. Eux aussi postulent pour un
univers chimérique ou l'alliance n'est pas entre l'homme et
l'animal, mais entre le scientifique et l'économiste en oubliant
l'humain.
La science n'est pas au service de l'économie ou
vice versa ; science et économie ne valent que par et pour
l'homme
L'homme n'est pas une chimère et son univers n'est
pas l'artifice d'un système scientifique.